Mario Masini

Medias

Geste et Opinions – Coupures de presse

LA LIBERTÉ Fribourg – Article Adeline Favre – Photos Charles Ellena

L’art et la matière

GALERIE DE RUE
Exposition du samedi 31 octobre
au dimanche 22 novembre 2020

Photo Galerie de Rue

Les sculptures de Jacques Basler et les tableaux de Mario Masini sont réunis dans une exposition

« L’artiste et galeriste Jacques Basler n’a pas chômé durant son confinement dans sa maison de Sicile: il est revenu avec plusieurs nouvelles pièces, qu’il présente en compagnie des œuvres en technique mixte de Mario Masini. «Nous nous connaissons depuis 35 ans. Aujourd’hui, Mario dit qu’il va de vieux en mieux», rigole Jacques Basler. Lausannois habitant à Prilly, Mario Masini expose plusieurs tableaux inspirés de différents thèmes qui le préoccupent généralement durant de longues périodes, et lui permettent de se pencher sur des questions existentielles. Il utilise pour ce faire différents matériaux: poudre de marbre, papier, pigments, sable, cendre, charbon.

Des tons minéraux qui fonctionnent très bien avec les sculptures de Jacques Basler, en bois et métal patiné. Il superpose les couches, comme des peaux successives, qui figurent les traces du temps.

Il intègre parfois dans ses tableaux des textes imprimés comme dans le tableau Genesis, où une succession de silhouettes féminines se transforment en Vénus de Willendorf. Cette statuette préhistorique et ses consœurs hantent plusieurs compositions. L’occasion pour l’artiste de reconnaître à travers sa peinture une part féminine de sa nature. La figure humaine se retrouve dans une autre série, sous la forme de personnages figés et emballés d’un drap blanc, placés dans des alvéoles, entre la nécropole et la chrysalide. Ces travaux sont regroupés sous le titre Intervalle, un espace-temps aux frontières floues, difficile à délimiter, impliquant une attente, une expectative. «L’évocation de ces personnages couchés côte à côte dans leur alvéole m’a conduit à me questionner sur la notion d’intervalle, d’espace entre deux moments, entre deux êtres… La vie est une espèce d’intervalle entre la naissance et la mort», explique l’artiste à la journaliste Armande Reymond en 2007. Cette notion est liée à la personne qui attend dans une situation insatisfaisante que son rêve se réalise, «comme si la vie que l’on vivait était un brouillon ou une répétition générale, un intervalle avant d’appréhender une existence parfaite qui serait la suivante», continue le peintre.

Comme Jacques Basler, Mario Masini dialogue avec l’histoire de l’art. Voulant travailler avec des réceptacles de la mémoire collective, il superpose ses dessins avec des fragments d’œuvres de notre patrimoine visuel, mise en relation intime de deux univers créant une nouvelle image. Ce n’est pas le seul thème qui rassemble les deux compères: la féminité continue d’occuper le sculpteur. Celui-ci se préoccupe aussi d’amour, avec sa nouvelle sculpture intitulée Tumulte, ornée d’un cœur traversé d’une flèche, renvoi aux amours adolescentes.

Balade dans l’histoire

Il ponctue certaines sculptures de fleurs ou de papillons de couleur: «En ces temps de grand pessimisme, j’essaie de ne pas céder au défaitisme», souligne Jacques Basler. L’espérance est une référence à la crise climatique, avec sa fleur poussant au milieu du bois et de l’acier. Au deuxième étage, deux groupes de personnages sont séparés sur deux socles, face à face mais séparés. Les Autres symbolisent le fait qu’on est toujours l’Autre de quelqu’un. Entre balade dans l’histoire et lueur d’optimisme, l’exposition est à visiter masque sur le nez jusqu’au 22 novembre. »

Radio / TV

2017 « Huis clos painting », immersion de groupe et créativité, durée 15 jours à huis clos (avec N. Mouchnino, V. Oberholzer, Y. Savoye. Conception B. Bosson), DVD 40 min.
2013 RTS Espace 2 « Les Matinales »13 avril, durée 15 min.
2008 « Intérieurs » Radio Suisse Romande La Première, durée 60 minutes, émission de Daniel Fazan.
1998 « Les Poètes de la Fête » émission Voilà TV Suisse Alémanique, carte blanche à Nicolas Henchoz durée 8 min. avec J.-C. Viellefond, A.Jaccard, A.C Desarzens, et Mario Masini.
1995 « Ami-Amis » mai, Radio Suisse Romande La Première, durée 55 min, émission de Daniel Fazan, avec André Jaccard.
1984 « Midi-Public » juin, Télévision Suisse Romande.
1978 « Peintres vaudois » Film 8 mm, durée 20 min. de Jean Matter, Lausanne.
1977 « Les Carnets du Silence » émission à la Radio Suisse Romande de Jacques Roman, Durée 50 min.
« Act » création de groupe à la Galerie Le Môtier, Romainmôtier, avec Henri Barbier, Christiane Cornuz, Maurice Pittet et Kurt von Ballmoos, durée 6 heures, action suivie par la Radio Suisse Romande, ainsi que par divers journalistes.
1976 « Eclaquatre » expérience de groupe et créativité, durée 15 jours à huis clos, avec les peintres Francine Simonin, Kurt von Ballmoos, Greth Guntern-Galatti et le Dr Gottlieb Guntern, film 16 mm, durée 30 min. expérience
suivie par la Radio Suisse Romande (Michel Bory) et par Peter Wanner pour le Badener Tagblatt et le Basler Nachnichten.
1974 Toronto, Radio Canada (mai) interview de 55 minutes

INTERVALLE – Introduction

Intervalle est un concept qui recouvre depuis 2005 un ensemble de travaux suscités par ma rencontre avec un objet insolite, un séchoir à cigares.

Cette boîte est devenue une sorte de nécropole ou de sarcophage, lorsque j’ai noyé dans la cire des petits personnages dans certaines de ces alvéoles. Ces êtres, anonymes et interchangeables incarnent un sentiment d’impuissance, d’attente et surtout d’incommunicabilité comme les personnages de Samuel Beckett dans Comédie.

Intervalle c’est donc l’espace entre-deux, entre deux moments, deux états, deux lieux, entre la naissance et la mort. C’est surtout un prétexte pour décliner des variations sur ce thème dans des techniques et des protocoles de travail chaque fois différents.

INTERVALLE – Dormants et Loculi

J’ai travaillé de manière quasi obsessionnelle sur ce sujets; ces Dormants, ces êtres sans visage, en attente dans leur niche, qui se condamnent à l’immobilisme et qui sont leur propre victime en différant sans cesse la réalisation de leurs rêves, alors que la vie n’est qu’ici et maintenant.

Un des avatars de ces Dormants, les Loculi doivent beaucoup à la vieille complicité que je partage avec M.-A. Julita, photographe, qui a mis en abyme ces séchoirs-nécropoles, créant des images nouvelles, offrant un décalage étonnant avec l’original et sur lesquelles je suis intervenu en peinture et en collage.

INTERVALLE – Les monotypes aléatoires

Tout part de ma curiosité d’expérimenter l’idée d’Intervalle dans une technique que je n’avais jamais utilisée jusqu’alors : l’impression laser.

J’ai alors reproduit un certain nombre de mes dessins représentant tout ou partie de mes personnages dans leur alvéole, sur des fragments d’affiches d’œuvres d’artistes – de la Renaissance au Cubisme – et cela à des échelles variables et improvisées. J’ai ainsi non seulement introduit dans mes recherches la notion de jeu – qui a toujours accompagné mon travail – mais également de hasard. Au moment du tirage, il était impossible pour moi de déterminer quelles surfaces de l’image-support seraient recouvertes, épargnées ou partiellement occultées par mes dessins en surimpression, j’ai été étonné par la richesse infinie des relations imprévisibles qui se sont nouées entre les affiches dessous et mes dessins noirs dessus.

Sur le plan plastique, il y a une rencontre entre deux mondes esthétiques, l’un servant de support à l’autre.

La superposition de mes dessins sur des fragments d’œuvres de notre patrimoine visuel ne fonctionne en aucun cas comme une citation, mais comme une mise en relation intime de deux univers aboutissant à la création d’une nouvelle image porteuse de culture certes, mais chargée aussi de sa propre mémoire et du moment présent. On retrouve chez mes personnages toute cette part d’histoire, d’inconscient collectif, d’archétypes que porte chacun d’entre nous et qui fait notre mémoire commune.

J’ai préféré ne pas reproduire comme supports de base des images liées au monde du cinéma, de la télévision ou du multimédia, précisément parce que je les ai voulues hors modes et intemporelles.

INTERVALLE

Pour en finir avec Intervalle, l’espace Entre–deux n’est pas seulement ce qui sépare et met à distance, mais aussi ce qui rapproche.

Pour le philosophe Daniel Sibony, dans «L’origine en partage», c’est la part de soi qui et mise en commun et dans laquelle les autres ont un rôle. Cela m’ouvre d’autres perspectives…

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